Le 15h17 pour Paris.

« Pour la première fois, il prend la mesure de leur exploit. Il ne se contente plus de savoir qu’une somme de hasards a permis d’éviter le pire, il l’éprouve. »

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Auteur : Anthony Sadler, Alex Skarlatos, Spencer Stone & Jeffrey E.Stern

Editions L’archipel.

Date de parution : 31/01/2018

305 Pages.

Prix : 20€

Résumé :

21 août 2015, 15 h 17. Le Thalys n° 9364 quitte Bruxelles pour rejoindre Paris. Parmi les voyageurs, Ayoub El Khazzani, un terroriste armé d’un fusil d’assaut AK-47 et d’un Luger. 9 mm. Il s’apprête à commettre un carnage. Ont également pris place à bord du train trois jeunes Américains. Dès le premier coup de feu, n’écoutant que leur courage, Anthony Sadler, Alek Skarlatos et Spencer Stone passent à l’action… En quelques minutes ces trois garçons vont devenir des héros. On estime en effet à plus de cinq cents le nombre de vies qu’ils ont sauvées.

Mon avis :

Il y a à peu près deux semaines, je me suis rendu au cinéma pour voir ce film qui me faisait tant envie. Avec une impatience et une curiosité sans précédent. Et j’aimerai dire que je n’ai pas été déçu. Je sais ce que vous pensez «Elle nous parle d’un film alors que c’est censée être une chronique littéraire…» J’y viens. Ce film, c’était donc « Le 15h17 pour Paris » de Monsieur Clint Eastwood. Un film qui lui ressemble par la beauté qui en émane. Pendant que je regardais le film, j’étais un peu mitigé et puis la fin est survenu. La boucle était donc bouclé. Et je me suis dit que je devais en savoir plus, que ce n’était pas suffisant pour moi. Alors j’ai acheté le livre et l’ai lu sans attendre.

Pendant ma lecture, je visualisais assez facilement chacun des protagonistes repassant le dérouler du livre dans ma tête. J’ai été énormément touché (comme le monde entier) par le courage et l’héroïsme dont on fait preuve ces trois jeunes hommes mais aussi par leur par d’innocence qui transparaît dans le livre. Les médias ont dépeint Spencer, Alek et Anthony comme des héros, des surhommes mais a aucun moment ceux-ci se sont considérés comme tel. La simplicité, l’authenticité et la modestie de ces trois jeunes hommes est le point culminant du livre. Outre le fait que j’ai appris tout de leur vie, j’ai aussi énormément appris sur les événements qui ont suivi leur acte héroïque, notamment des choses vrais. A la suite de cet attentat, j’étais resté sur le fait que trois jeunes militaires avec interpellés un terroriste. Point. Rien de plus. Au final, j’apprends que deux d’entre eux (Spencer et Alex) sont bien militaires mais qu’a contrario, Anthony n’est en rien soldat. Une autre chose qui m’a plu dans le livre, est la partie retraçant le parcours de Ayoub El Khazzani et ce qui l’a amené à devenir un partisan de Daesh.

Mais ce qui reste pour moi l’apothéose de ce livre, c’est l’humanité qui en ressort. Trois jeunes hommes ont pris leur courage à deux mains pour éviter leur mort et celle de centaines d’autres personnes. Ils écrivent dans ce livre avec leur mot, avec leur simplicité et c’est ce qui rend l’ouvrage touchant et profond. C’est un magnifique hommage au courage dont ils ont fait preuve mais aussi à leur vie.

Je terminerais cette chronique par l’un des plus beaux passages de ce livre à mes yeux. 

« Qu’est-ce qui les a poussés à venir en France, en fait ? L’instinct. Le fait qu’ils aient pris ce train, au lieu de rester plus longtemps à Amsterdam et de prendre le suivant. Le fait même qu’ils se soient retrouvés à Amserdam, une étape qui n’était pas au programme. Le fait qu’ils n’aient pas réussi à se donner rendez-vous en Allemagne, comme prévu initialement. Le fait qu’ils se soient installés dans une voiture de tête, alors que le vieux monsieur et sa fille les avaient faits monter trois voitures plus loin. Le fait que la connexion Wi-Fi était médiocre, sans quoi ils n’auraient pas changé de voiture. Le fait que Spencer, par manque de moyens, se soit inscrit au jiu-jitsu, sans quoi il n’eût pas appris cette technique de combat efficace face à n’importe quel adversaire. Le fait que le parcours chaotique de Spencer, son renvoi des sauveteurs-parachutistes et son échec au SERE l’aient conduit à suivre une formation de secouriste et à acquérir le minimum de compétences nécessaires pour sauver Mark. Le fait qu’Alex, féru d’armes à feu, ait su comment réagir et comment manier les armes du terroriste. Le fait qu’Anthony, accro à son smartphone, ait tout filmé et photographié, source précieuse d’informations pour l’enquête de police. Ou même, en remontant dans le passé, le fait que sa mère ait déménagé dans la maison voisine de celle de Spencer. Le fait que leurs mères se soient liées aussi facilement. Que toutes deux étaient d’anciennes hôtesses de l’air. Qu’elles venaient de divorcer, qu’elles avaient des enfants à peu près du même âge et qu’elles se ressemblaient au point que les deux familles avaient fini par se souder. Le fait que les noms Skarlatos et Stone se suivaient dans l’ordre alphabétique et que cela les ait rapprochés à l’école. Le fait que Spencer ait convaincu Anthony de s’offrir des vacances au-dessus de ses moyens. Que les collègues d’Anthony lui aient répété que les voyages forment la jeunesse, alors que les autres copains d’Alek avaient décliné l’invitation. Le fait que sa première carte de crédit ait été une carte visa. Le fait qu’au moment où l’assaillant avait ouvert le feu, la gare la plus proche se trouvait à moins de trente minutes de l’hôpital de Lille, réputé pour son service d’orthopédie. Comme si le train avait été dévié exprès pour que Spencer puisse retrouver rapidement l’usage de son pouce. Milles circonstances sans lesquelles ils ne se seraient pas trouvés ensemble au bon moment, au bon endroit, pour déjouer l’attaque. Et s’en sortir indemnes. Cette somme de hasards s’entrecroise dans l’esprit d’Alek pour y former un immense paquet de noeuds. Comme s’ils s’étaient trouvés au coeur d’un gigantesque jeu de tir à la corde, une force invisible cherchant à les éloigner de l’attaque terroriste, une force opposée cherchant à les en rapprocher. Comme si les prières de Joyce et celles de Heidi, chacune dans son salon, dans leurs maisons voisines de Sacramento s’étaient fait concurrence. L’une pour qu’ils soient en sécurité, l’autre pour qu’ils accomplissent leur devoir. Apparemment chacune avait tiré la corde juste ce qu’il faut pour que leurs voeux soient exaucés. »

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